Alliance des bénévoles et des salariés

Publié le : mardi 11 février 2025

De la complémentarité à la coopération : l’alliance des bénévoles et des salariés

Les bénévoles et les salariés sont deux piliers essentiels du fonctionnement des associations, mais leurs rôles et statuts diffèrent profondément, ce qui peut engendrer des tensions si ces différences ne sont pas gérées correctement. Afin d’éviter des malentendus et favoriser une collaboration harmonieuse, il est important pour les associations de comprendre ces distinctions et d’adapter leur gouvernance en conséquence.

Le rôle et le statut des bénévoles

Les bénévoles s’engagent librement et sans contrepartie financière, motivés par des valeurs de solidarité et d’engagement social. Leur rôle est flexible, pouvant être ponctuel ou régulier selon leurs disponibilités. Toutefois, cette absence de lien contractuel leur confère moins de droits en matière de sécurité sociale et de protection juridique, ce qui peut limiter leur engagement dans certaines fonctions, notamment en matière de responsabilité.

Malgré cela, leur contribution reste essentielle, notamment dans les prises de décision. Les associations doivent s’assurer que le rôle des bénévoles dans les organes décisionnels, comme les conseils d’administration, soit bien défini et valorisé. Leur présence permet de renouveler les perspectives et d’enrichir la réflexion stratégique.

Le rôle et le statut des salariés

Les salariés, quant à eux, bénéficient d’un contrat de travail qui les lie à l’association et leur garantit une rémunération, des avantages sociaux et des protections juridiques. Leur engagement est structuré et professionnel, avec des responsabilités clairement définies, souvent axées sur la gestion quotidienne et le respect des obligations légales.
Ils participent également aux processus décisionnels de l’association, mais leur rôle hiérarchique peut parfois créer un fossé avec les bénévoles, en raison d’une distinction dans l’engagement et la stabilité de leur statut.
Cependant, cette hiérarchisation peut restreindre la participation des bénévoles dans les décisions stratégiques, ce qui peut freiner l’innovation et la collaboration effective entre les deux groupes.

Les tensions liées aux différences de statut

Les différences de statut entre bénévoles et salariés peuvent générer des tensions, surtout lorsqu’il s’agit de répartir les responsabilités et de définir les rôles respectifs dans les processus décisionnels. Par exemple, un salarié pourrait percevoir qu’un bénévole n’a pas la compétence nécessaire pour participer à des décisions importantes, tandis qu’un bénévole pourrait ressentir un manque de reconnaissance pour son investissement dans l’association.

Ces tensions peuvent aussi affecter la gouvernance de l’association. Les divergences de vision sur la gestion des ressources ou les priorités stratégiques sont fréquentes. Il est donc impératif que l’association mette en place des mécanismes de concertation, comme des réunions régulières et des espaces de débat, afin de faciliter la communication et d’assurer une meilleure collaboration.
Les solutions pour une collaboration harmonieuse.

Pour améliorer la dynamique entre bénévoles et salariés, plusieurs mesures peuvent être mises en place :

• Clarification des rôles et des responsabilités : Des fiches de poste claires, qu’il s’agisse de bénévoles ou de salariés, permettent d’éviter les malentendus et d’aligner les actions de chacun avec les objectifs de l’association. La définition précise des attentes est essentielle pour prévenir les conflits.

• Renforcer la coopération : La création de comités mixtes, composés de bénévoles et de salariés, peut favoriser la prise de décisions partagée et garantir que tous les acteurs sont entendus. Cela permet aussi de créer un environnement plus inclusif et respectueux des contributions de chacun.

• Valoriser les contributions de tous : La reconnaissance, qu’elle soit formelle ou informelle, renforce l’engagement et la motivation des bénévoles comme des salariés. Cela peut se traduire par des remerciements publics, des bilans réguliers, ou encore des opportunités de participation aux décisions stratégiques.

• Créer des espaces de dialogue : Des réunions régulières entre bénévoles, salariés et dirigeants sont essentielles pour maintenir une communication fluide et résoudre rapidement les tensions. Ces espaces permettent aussi de renforcer la cohésion au sein de l’association.

Exemples de pratiques efficaces

Certaines associations, comme SITAPHY, ont mis en place des pratiques de gouvernance innovantes pour favoriser l’implication des bénévoles tout en respectant les différences de statut. SITAPHY, une association créée en 2002 dans l’Yonne, œuvre dans l’insertion sociale et salariale. Elle emploie 25 personnes, y compris des salariés permanents et en insertion, et collabore avec des administrateurs bénévoles. L’association a adopté une gouvernance participative, où salariés et bénévoles participent aux décisions selon le principe "une personne, une voix".

Les relations entre bénévoles et salariés peuvent parfois être marquées par des tensions dues à leurs statuts différents, mais SITAPHY a mis en place une approche coopérative. Des collèges spécifiques incluent les salariés permanents et en insertion dans la gouvernance. Ce modèle favorise une montée en compétences des salariés, un équilibre des relations, et une participation accrue à la prise de décision, ce qui renforce la cohésion entre les deux groupes.

Les facteurs clés de réussite incluent une réflexion collective, le respect des cadres juridiques, et une délégation claire des responsabilités. SITAPHY montre qu’une gestion collaborative entre bénévoles et salariés est possible grâce à une gouvernance inclusive et bien structurée.

Autre exemple, Les Restos du Cœur intègrent les bénévoles dans leurs processus décisionnels de manière participative. Ils sont impliqués à divers niveaux, comme au sein des conseils d’administration des associations départementales, où ils assurent une fonction éthique. Les bénévoles prennent des responsabilités qu’ils acceptent, influençant les décisions liées à leurs missions. Ils suivent les directives nationales et départementales, étant informés et consultés sur les orientations de l’association.

Dans les centres locaux, les responsables bénévoles animent leurs équipes de manière collaborative, sans hiérarchie stricte. La gestion décentralisée des 112 associations départementales permet aux bénévoles locaux de participer aux décisions opérationnelles. Les Restos du Cœur offrent aussi des formations pour préparer les bénévoles à ces responsabilités décisionnelles.

Cette approche valorise l’engagement des bénévoles tout en conservant une organisation efficace, fidèle à la philosophie des Restos du Cœur, qui considère le bénévolat comme une valeur essentielle depuis sa création en 1985.

L’équilibre entre bénévoles et salariés est un enjeu fondamental pour la gouvernance des associations. Les tensions qui peuvent surgir en raison des différences de statut doivent être abordées par une communication transparente, une définition claire des rôles et une reconnaissance de l’importance de chaque acteur. Les associations qui réussissent à intégrer ces deux groupes dans une gouvernance participative et respectueuse de leurs spécificités verront leur impact renforcé et leur collaboration optimisée.

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